Vive le numérique !
Ou Tentative de réponses à quelques questions de plus en plus souvent posées à votre cinéma…
Le cinéma a pratiquement terminé sa transition au numérique : à savoir qu’il n’y a pratiquement plus de copies en pellicule, 83% du parc de salles en France est équipé de projecteurs flambant neufs 2K ou 4K , afin de projeter des films que l’on reçoit sur disques dur et cryptés à l’aide dune clé numérique.
Et la pellicule disparaissant, toute la filière effectue une transition historique en un temps record. Certains comparent ce changement à l’arrivée du son au cinéma mais c’est beaucoup plus important : car à l’instar de la population et de la technologie, le nombre d’acteurs de la filière s’est considérablement développé comme les enjeux économiques et culturels.
Alors résultats ? : c’est super! : la qualité de l’image et du son s’est considérablement améliorée et ne change pas au fil des séances, les projectionnistes n’ont plus mal au dos, car ils ne portent plus de copies de 25kg et ne les montent plus, il suffit -parait-il- d’appuyer sur 2 boutons pour lancer un film, c’est beaucoup plus souple que de gérer l’arrivée des copies 35mm le mercredi nous dit-on…
Oui mais voilà : nous sommes à la pointe de la technologie et tout est allé vite, trop vite :
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Les opérateurs ont changé complètement de métier sans y être préparés : l’environnement de travail est passé de mécanique à informatique avec une trop courte formation. On leur a demandé de se reconvertir en cassier, agents d’accueil car ils n’avaient plus de travail en cabine… Dans les petites ou moyennes salles comme nous, ils l’ont fait, mais on leur à peine laisser le temps de digérer.
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Tout dorénavant est informatisé : les projecteurs numériques proviennent d’une technologie comparable à celle de voitures dernier cri : et comme dans ces voitures : vous ne pouvez plus ouvrir le capot et réparer vous même quand il y une panne ; et des bugs informatiques arrrivent et il faut un ingénieur informaticien pour réparer et donc une hotline .. qui travaille à distance.
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De même les films n’arrivent plus seulement le mercredi, mais tous les jours n’importe quand et il faut les renvoyer aussitôt chargés dans une autre salle. Des entreprises de transport, comme des laboratoires déposent le bilan car un disque dur ne se fabrique pas comme une copie pellicule et peut être envoyé par la poste. Les logiciels de circulation de copies ont du eux aussi s’adapter, ce qui n’empêche pas parfois d’avoir du mal a suivre les disques et de ne pas les recevoir à temps.
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Egalement le rapport distributeurs / cinémas s’est inversé
-les distributeurs étant les sociétés qui nous louent les films et grace à qui nous pouvons vous les montrer en salles ensuite-
Avant on se contentait de louer les films selon un contrat basé sur le versement d’un % sur la recette (je fais simple) . Aujourd’hui, le contrat de location reste, mais ce sont tous les distributeurs qui financent en majeure partie les projecteurs numériques en nous reversant une somme forfaitaire à chaque fois que nous diffusons leur film en sortie nationale. Je passe sur le montage compliqué de ces accords avec divers intermédiaires et interlocuteurs, et vérification du Centre national de la cinématographie. D’autant que les négociations de ces accords ne sont pas encore totalement terminées avec tout les distributeurs, et qu’eux mêmes ne savent pas encore combien ils vont devoir débourser pour chaque film et sur combien de semaines après la sortie national, en fonction du nombre de copies numériques mises en places le jour de la sortie dans tout le pays.
Donc leurs coûts de fabrication s’en trouvent modifiés, leur fonctionnement aussi, puisque les distributeurs font fabriquer aujourd’hui des disques durs et des clés de cryptage/ décryptages des films qui nous sont envoyées, mais ils continuent de travailler sur la sortie d’un film un peu comme avec les copies 35mm avec des plans de sorties fixes et un nombre de copies numériques établies, afin d’avoir une meilleure visibilité sur le prévisionnel de rentabilité du film.
Voilà quelques éléments pour tenter de vous expliquer pourquoi par exemple un film disparaît de l’affiche au bout d’une semaine, revient quelques jours après mais pas tous les jours alors qu’il y a une forte demande, il arrive de temps en temps des changements de programmation intempestive, des bugs technique sur l’image ou un problème de version…
Oui le cinéma est aussi une industrie ! Et on reviendra sans doute dans les mois qui viennent sur ces transformations en cours, car si cette évolution est passionnante, elle aussi difficile car elle nécessite encore tu temps et nous avons toujours le nez sur le guidon !
Mais the show must go on* ! Donc merci de l’intérêt que vous portez à votre cinéma !
Myriam Zemour
*le spectacle continue